Les conduites à risque sont classiquement l’apanage de l’adolescence et indissociables de la jeunesse. Elles correspondent à des besoins précis : il s’agit de rechercher des sensations, de connaître ses limites, de défier l’autorité, de s’affirmer… Il peut s’agir d’un besoin identitaire, de la recherche de sa place par rapport au monde des adultes. Mais ce n’est pas toujours un choix éclairé. Il peut y avoir une émulation de groupe, une sorte de rite initiatique pour se faire accepter.
Depuis quelques années on assiste à divers comportements de mise en danger : consommations d’alcool, de tabac et de drogue de plus en plus précoces, pratiques de sports à risques et au sein de ces mises en danger la pratique, en milieu scolaire de « jeux dangereux ».
Jeu du foulard, jeu du cosmos, rêve indien, jeu de la canette, du cercle infernal…en tout ce sont une centaine de jeux dangereux qui ont pu être répertoriés.
Victime ou acteur, plus ou moins consentant, tout élève est confronté un jour ou l’autre à un de ces jeux, mais il en garde généralement le secret vis à vis de ses parents. Ces jeux sont dangereux pour soi même ou pour autrui, parfois pour les deux.
Mettant en danger les enfants dès l’âge de 4 ans, les « jeux dangereux » sont un sujet crucial pour les parents, les responsables éducatifs au sein des écoles, les personnes encadrant les enfants.
Les jeux dangereux ont lieu principalement à l’école, mais aussi en dehors. Dès l’école maternelle, ces jeux peuvent être pratiqués, ce que les parents ont souvent du mal à concevoir, puisque 40% d’entre eux pensent que les jeux dangereux ne sont pas pratiqués à l’école primaire. Ils considèrent leurs enfants comme trop jeunes, naïfs et innocents. Pourtant il faut le reconnaître, les enfants connaissent pour la plupart ces jeux dangereux, sans avoir toutefois conscience de leur dangerosité.
Selon une enquête de l’INSEE, sur 8 millions d’enfants :
3 millions pratiqueraient ces jeux
56% d’entre eux disent n’en avoir jamais parlé avec un adulte
11% n’osent pas en parler
3% pensent que ce n’est pas dangereux
En 2007, une enquête de la TNS-SOFRES indiquait que :
41% des primaires
38% des collégiens
et 17% des lycéens seraient touchés par ce fléau
un jeune sur huit, dont de plus en plus d’enfants de primaire et maintenant de maternelle, serait concerné par ces pratiques
On peut classer ces jeux dangereux en 2 groupes : les jeux de « non-oxygénation » et les jeux « d’agression ».
Les jeux d’asphyxie ou d’évanouissement :
C’est le jeu du foulard, de la tomate, de l’aérosol…
Il se pratique seul ou à plusieurs, à l’aide d’un foulard, d’une ceinture et le plus souvent avec les pouces placés sur les carotides. La pression exercée sur la carotide, par le jeune ou par un copain, provoque une diminution brutale de l’oxygénation du cerveau. On s’étrangle jusqu’à la perte de connaissance. Le but est de créer, avant la perte de connaissance des hallucinations (impression de voler), des sensations « agréables »; mais la prolongation de la strangulation peut être suivie de spasmes, de convulsions, voire d’une perte de connaissance qui peut conduire la victime au coma puis au décès.
Si les jeunes cherchent à retrouver ces sensations, seuls, hors de la présence de copains en utilisant un lien pour comprimer la carotide, le décès est très probable : en l’absence de témoin susceptible de ranimer le jeune, la situation devient irréversible en 3 minutes. Ces décès ne doivent pas être confondus avec un suicide, malgré les apparences.
En outre, même lorsque le jeu est pratiqué en présence de témoins et qu’il n’y a pas perte de connaissance, la privation d’oxygène n’est jamais anodine : les cellules qui ont été privées d’oxygène ont souffert et des séquelles cérébrales peuvent être observées.
Ce jeu est bien sûr extrêmement dangereux : il y aurait eu entre 65 et 200 morts depuis une dizaine d’années, soit 2 chaque mois.
Conséquences des “jeux” de non-oxygénation
1 – Sur le plan physique :
- difficultés cognitives
- défaut de concentration, absences brèves de la conscience
- troubles de la mémoire récente, oublis
- présence de traces rouges ou de bleus autour du cou ou du thorax.
- joues rouges
- violents maux de têtes à répétition
- céphalées intenses
- troubles visuels passagés (vision floue, etc.)
- bourdonnements d’oreilles, sifflements
- fatigue
- sensation de vertige
2 – Sur le plan psychologique et comportemental :
- agressivité soudaine, violence verbale et/ou physique
- isolement, repli sur soi
- dépendance aux sensations extrêmes provoquée par le manque d’oxygène
Les jeux «d’attaque» ou «d’agression»
Ils se caractérisent par une violence physique gratuite, menée par un groupe envers un enfant seul ou plusieurs enfants, membres ou non du groupe, consentants ou non.
Dans les jeux intentionnels, comme «le cercle infernal», «le jugement» ou «le petit pont massacreur», les enfants se placent en cercle et se jettent un objet (comme un ballon). Celui qui ne parvient pas à le maîtriser est roué de coups par les autres. Tous les participants y “jouent” de leur plein gré, en acceptant le risque d’être roués de coups par les autres “joueurs”.
Dans les jeux contraints, une victime non consentante est désignée ou choisie en fonction, par exemple, de la couleur de ses vêtements, comme dans le «jeu des couleurs», avant d’être battue. Les participants au «jeu de Beyrouth» interrogent d’autres enfants sur le nom de la capitale du Liban, et celui qui ne connaît pas la réponse est frappé au niveau des parties génitales.
Pour la victime, même consentante, les coups reçus peuvent générer de graves traumatismes voire la mort immédiate ou plusieurs jours après l’événement, qu’elle soit liée aux sévices subis ou au stress qu’ils ont généré.
Conséquences des “jeux” d’agression
1 – Sur le plan physique :
- hématomes
- fractures
- séquelles neurologiques
- blessures
- traces de coups
- vêtements abimés
- manifestations neurovégétatives-somatiques
(sueurs, tremblements, douleurs abdominales, nausées…)
2 – Sur le plan psychologique et comportemental :
- présence de manifestations anxieuses et/ou psycho-traumatiques (troubles du sommeil, phobie scolaire)
- agressivité soudaine, violence verbale et/ou physique
- envie suicidaire et/ou idées noires
- phobies sociales (agoraphobie par exemple)
Comment prévenir ?
Les éducateurs principaux des enfants sont les parents.
Comment prévenir ces comportements ?
C’est certes difficile, car en voulant prévenir, les parents risquent d’inciter les enfants, leur donnant l’idée d’essayer. Le meilleur moyen d’aider l’enfant à éviter les risques est de le responsabiliser, de dialoguer avec lui et l’inciter à se poser des questions sur les conséquences de ce qu’on peut lui proposer. Et le point essentiel est de lui apprendre à savoir dire NON, surtout lorsque ses autres camarades le poussent avec un “t’es pas cap”, « t’es pas chiche » ou bien « allez fais-le » !