ANDRÉ VALLINI
Colloque national sur les violences faites aux enfants.
Vendredi 14 juin 2013 au Sénat
Intervention du Sénateur André VALLINI – Président du Conseil Général de l’Isère
« Mesdames et Messieurs,
Je vous souhaite la bienvenue au Sénat où nous allons consacrer cette journée à parler des violences faites aux enfants….
Horrifié par le calvaire de la petite Marina donc, bien sûr, comme par celui de la petite Tiphaine, cette fillette elle aussi battue à mort par ses parents. Horrifié par le martyre, en Isère, du petit Lorenzo, retrouvé mort de soif et de faim au milieu d’excréments de chiens dans l’appartement où sa mère, vivante, était anéantie par la drogue. Horrifié par la découverte récente, en Seine-Saint-Denis, de deux petits garçons battus et sous alimentés, vivant dans une cave sans eau ni lumière. Devant le sort effroyable de ces enfants, la tristesse qui nous étreint ne sert à rien, pas plus que la colère qui nous envahit, si elles ne débouchent que sur l’inaction…
Et en France, comme dans les pays développés, il y aurait en fait 10 % des enfants qui seraient victimes de violences physiques, d’agressions sexuelles, de négligences graves, d’abandon affectif, d’humiliations ou d’insultes… Pourtant, force est de constater que ces faits divers se succèdent justement, et que si l’action contre la maltraitance existe, et depuis longtemps, à l’évidence cette action ne suffit pas…
La maltraitance semble, elle, beaucoup plus difficile à combattre.
D’abord parce qu’elle entraîne nécessairement une intrusion dans la sphère privée, et qu’elle remet en cause le dogme de la famille naturellement bonne. Ensuite parce que la violence envers les enfants est un phénomène si dérangeant qu’il reste souvent occulté, et que l’atrocité des sévices infligés à des enfants est si difficile ne serait-ce même qu’à concevoir, qu’elle est souvent chassée de notre imaginaire, individuel et collectif, pour aboutir parfois à un déni de réalité. Déni de réalité d’autant plus facile que les victimes sont sans voix, y compris au sens électoral du terme…
Ce colloque sera utile s’il inscrit la lutte contre la maltraitance dans une perspective globale qui va du repérage au suivi en passant par le signalement, le placement, sans oublier la formation des professionnels et l’évaluation de leurs pratiques…
Ce colloque sera utile enfin s’il permet de prendre acte des progrès réalisés mais de relever aussi les décalages entre les textes adoptés et leur application concrète, entre les intentions affichées et les pratiques effectives, pour aboutir à des mesures concrètes, de court comme de long terme, que nous proposerons aux pouvoirs publics…»